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Réfléchir autrement la protection des cu Réfléchir autrement la protection des cultures

Dans le Pas-de-Calais, le lycée agricole d'Arras met en pratique le plan Ecophyto.

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« Près de chez moi, on ne fait que de l'intensif. Les carabes et les vers de terre, au début, ça m'a fait rire ! » En première année de BTS APV (Agronomie productions végétales) au lycée d'Arras, ferme de référence Ecophyto, Clément apprend à « produire autrement ». Celui qui pensait que le désherbage mécanique était réservé au bio a commencé à changer de point de vue, après les premiers résultats obtenus dans le cadre de travaux pratiques. S'il a voulu voir autre chose que ce qui se pratique sur l'exploitation familiale, c'est pour acquérir une ouverture d'esprit qu'il juge essentielle en tant que futur conseiller. « Et aussi parce que je préfère respirer de la poussière que des produits toxiques... » Sensibilisé, donc, mais pas encore au point d'aller dire à son père de « compter les vers de terre pour voir si le sol va bien... » Egalement fils d'agriculteur, Benoît, en deuxième année de BTS ACSE (Analyse et conduite de systèmes d'exploitation), estime qu'« il faut se préparer à changer car demain, on ne pourra peut-être plus produire pareil ». S'il croit au pouvoir de l'exemple – « quand on montre que ça marche, tout le monde veut s'y mettre ! » –, il juge impensable d'aller dire aux générations du dessus de changer leurs pratiques. Pourtant les agriculteurs sont réceptifs : c'est une écolo qui le dit ! Mégane n'avait jamais posé le pied sur une exploitation agricole avant d'intégrer le BTS GPN (Gestion et protection de la nature). Sa formation inclut un module de découverte de la biodiversité agricole, avec un stage de deux semaines en exploitation. Une révélation pour la jeune fille – devenue experte en carabes – qui a pu parler haies et auxiliaires avec l'agriculteur qui l'accueillait. « Dans ma classe, on ne vient pas du milieu agricole et on entend souvent dire que l'agriculture pollue, témoigne-t-elle. Mais à travers la formation, on se rend compte qu'il y a énormément de choses qui se font dans le monde agricole ! »

LIEU DE DÉBAT

La ferme où se conduisent de nombreuses expérimentations est l'une des forces du lycée. « Dès qu'il se passe quelque chose, comme un essai de désherbage mécanique, on va voir, même si ça ne fait pas partie de notre cursus », raconte Benoît. En plus d'être un outil pédagogique pour les élèves, « la ferme est au service de la profession pour produire des références », explique Benoît Lefèvre, directeur de l'exploitation. « C'est une entité économique qui doit être viable tout en étant pédagogique ». Concernant la réduction des phytos, l'objectif de -50 % avait été atteint... jusqu'à ce que l'introduction de la pomme de terre, à la demande de la profession, fasse remonter l'IFT (indice de fréquence de traitement). Les semi-échecs, comme les succès, sont communiqués en toute transparence. Crédible, grâce notamment à la caution professionnelle apportée par les instituts techniques, l'exploitation du lycée a cependant davantage de moyens matériels qu'une exploitation « normale ». Pour cette raison, « ce n'est pas un modèle unique reproductible, mais un lieu de débat », souligne Benoît Lefèvre. Pari réussi pour Benoît, Clément et Mégane qui ont déjà, de leur propre aveu, appris à « réfléchir autrement ».

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